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la soirée du personnel et les souvenirs qu'elle rappelle (1)

Publié le par Kolia

Ce soir c'était la soirée du personnel du magasin, dans une ancienne boite de nuit reconvertie en restaurant branchouille et faussement brésilien, pas très loin de chez moi.

Les personnes que je connaissais le mieux étaient loin de moi à table, mais je n'avais pas à me plaindre, j'étais bien entouré quand même.

Ce qui ne m'a pas empêché de flipper comme un malade car je ne suis pas du tout à l'aise en société et encore moins dans un lieu que je ne connais pas.

Tout se passait normalement, la nourriture était assez bonne mais peu abondante, et de là où j'étais assis je pouvais voir une poignée de danseuses se préparer en remuant les fesses, mais d'un seul coup, un animateur fit son apparition pour nous plomber la soirée.

C'est de plus en plus fréquent, les animateurs ratés pendant les repas au restaurant. Comme si les gens étaient incapables de s'amuser tout seul. Qu'il fallait qu'ils payent pour qu'un inconnu les humilie devant d'autres inconnus.

Ca m'a rappelé la fête d'anniversaire d'un ancien collègue, du temps où je travaillais à l'animalerie. Je m'entendais très bien avec lui et son frère. Le gars avait décidé de faire une soirée raclette dans un restaurant où ils ne servaient que de ça, Les Deux Alpes. Ce n'est pas le vrai nom du resto, mais ça y ressemble : il portait le nom d'une station de ski un peu connue et le slogan proclamait en lettres bombées sur le menu : "la station à 1807 centimètre d'altitude."

J'en ris encore.

Nous étions une bonne vingtaine de personnes, et je n'en connaissais que quatre, plus le mec dont c'était l'anniversaire. D'ailleurs nous avons passé la soirée que tous les quatre, à un bout de la table, dans un coin de la pièce, ne parlant à personne. Je passe souvent les soirées isolé maintenant que j'y pense.

La musique était très difficilement supportable (des remix tordus de Brazil et de Tata Yoyo), l'absinthe que j'avais commandé en apéritif n'était qu'une immense arnaque (imaginez du sirop d'orgeat coupé à de l'alcool à 90° et vous aurez une idée de ce que j'ai pu boire - autant dire que c'est dégueulasse), et appartenant à une autre table un couple de quinquagénaire en plein dans mon champ de vision se trémoussait langoureusement au beau milieu du restaurant sur n'importe qu'elle chanson débile qui passait, tout en se roulant des grosses galloches. Le pire c'est que je n'arrivais pas à détourner mon regard de ces deux pervers. Ma voisine de droite non plus d'ailleurs. Le problème avec les pervers, c'est qu'on ne peut pas s'empecher de les regarder, ce qui fait de nous des pervers aussi, alors qu'on ne le désire pas vraiment.

Malgré tout j'apprécie la soirée : la fille en face de moi est des plus agréables  regarder, et en plus elle a une conversation très intéressante.

Mais vers 23h30, tout bascula.

Le patron du restaurant s'improvisa animateur de la soirée.

Fallait le voir lui, avec sa chemise en laine à carreaux, ses longs cheveux gras éparpillés sur son crane luisant, gueulant dans son micro :

"Bonsoir et bienvenue AUX DEUX ALPES, la station balnéaire située à 1807 CENTIMETRES!"

Tonnerre d'applaudissement.

Je veux dire, il n'y avait qu'une quarantaine de personnes dans la salle, et elles firent un sacré boucan.

Il commença à présenter toutes les personnes présentes ce soir là : la table de Johan (la notre), la table de Bidule, la table de Sandy. Cette dernière était constituée exclusivement de femmes trentenaires à l'affut, et le gérant l'avait bien compris :

"Et maintenant, la TABLE de SANDY, SANDY qui est PUCELLE, alors je lui propose ce soir mon ami GUILLAUME (un pote du patron qui était venu boire une bière, une sorte de trentenaire en costard), GUILLAUME qui a des COUILLES ENORMES, je les ai VUES à une corrida : GUILLAUME a baissé son FROC devant le TAUREAU et le TAUREAU en voyant les GROSSES COUILLES bien pleines de GUILLAUME il est retourné CHEZ SA MERE."

Tout le monde était mort de rire. Sauf le quatuor de choc que nous formions avec mes amis. Par la suite, Guillaume alla voir Sandy, et elle gloussait comme une dinde à tout ce qu'il disait. Il fallait le voir pour le croire.

Les présentations effectuées, le patron lança toute une série de jeux tous plus débiles les uns que les autres, consistant pour la plupart en des dances crétines sur des musiques nazes, durant lesquelles les trentenaires à l'affut essayaient de peloter les mecs de notre table.

Johan, c'était le gars dont nous fêtions l'anniversaire, disparut un moment, mais en fait je ne m'en aperçut que quand il revint torse nu avec un casque cornu et un gourdin dans la main, se déhanchant sur le rythme endiablé de la Salsa du Démon. C'était une idée du patron. Johan avait l'air content, il sautillait partout en donnant des coups de gourdin, les trentenaires essayaient de le tripoter au passage, la nana cochonne qui formait la moitié la moins masculine du couple de quinquagénaire voulait recevoir des coups de trique elle aussi, en fait, il n'y avait que sa copine, à Johan, qui tirait la gueule, mais bon, elle est conne.

La soirée se poursuivit, entrecoupée de jeux débiles qui nous empechaient de digérer tranquillement, chaque minute passée me donnant un petit peu plus envie de partir, quand la fille avec qui je parlais depuis le début de la soirée se mit à rire sans raison.

"Qu'est ce qui te fait marrer?

-Non non, rien.

-Arrête de dire ça en te marrant, allez dis moi!

-Non non, vraiment, rien du tout.

-Dis-le moi, allez, steuplé, fais pas ta pute.

-Bon ok, je viens d'entendre Johan balancer ton nom au gérant."

PANIQUE! J'ai une très grande capacité d'adaptation et suis capable de m'extirper des pires situations en très peu de temps :

"Ok, on a encore le temps, prends ton sac, on tire de l'argent dans un distributeur, on le file à Aymeric (c'est le nom du frère de Johan) et on se casse d'ici pour ne plus jamais revenir.

-Ok! Merde, où est mon sac! Mon sac!

-Ah, je le vois, tiens! Ah merde, il est coincéééé!"

La hanse de cette saloperie de sac à main s'était emmélée dans les pieds de la chaise.

"ET MAINTENANT J'APPELLE LES DEUX NICOLAS DE LA SOIREE!"

J'étais foutu.

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