le surnom
Comme beaucoup d'hommes en France, j'ai pour prénom Nicolas - "un prénom d'actualité" comme a pu me dire le vieux qui m'a pris en stop, l'autre jour.
C'était pénible de me forcer à rire à chacune de ses paroles.
Comme beaucoup d'hommes en France, et même dans le monde, j'ai 25 ans.
Mais comme peu d'hommes en France, je suis très beau. D'ailleurs la seule chose à pouvoir rivaliser avec ma beauté est la courbe de mes fesses.
Comme beaucoup d'hommes en France, je dis aussi n'importe quoi.
Comme beaucoup d'hommes en France, je suis libraire.
Et comme beaucoup d'hommes en France, j'ai un petit sobriquet au boulot.
Alors que j'avais réussi jusqu'à maintenant à garder un soupçon de fierté ("Chaton", c'est comme ça qu'on m'appelle - nettement mieux qu'avant, où Nikos s'était imposé naturellement, en
hommage au chevalier des arts et des lettres Nikos Aliagas), un sombre connard vient de sortir un livre qui risque de tout foutre en l'air : "Nicolas, 25 ans, rescapé des Témoins de
Jehovah" aurait pu être écrit par moi si j'avais été témoin de Jehovah et si j'avais pu leur échappé.
Si l'auteur est de la jaquette, sachez que je n'en suis pas.
Mon collègue du rayon sciences humaines qui a reçu ça était extatique aujourd'hui : je crois que Jéhovah est en passe de devenir mon nouveau surnom.